Se reconvertir en médecin à l’âge adulte est un projet ambitieux, mais tout à fait réalisable. Que vous soyez cadre, ingénieur, infirmier ou professionnel d’un autre secteur, il existe des voies d’accès aux études de médecine adaptées aux profils en reconversion. Alors, quelles sont les étapes clés pour devenir médecin ? Quels dispositifs existent et quels conseils vous accompagnent pour réussir ce virage professionnel ? Petit guide pour vous aider à structurer votre projet de reconversion vers les études médicales !
Pourquoi envisager une reconversion en médecine ?
Devenir médecin peut répondre à un profond besoin de sens. Dans un monde du travail parfois perçu comme déshumanisé, beaucoup aspirent à une profession utile, ancrée dans le soin, l’empathie, et le contact humain. Parmi les raisons les plus souvent citées, on retrouve :
- Donner du sens à sa vie professionnelle : la médecine permet d’avoir un impact direct et concret sur la vie des gens ;
- Répondre à une vocation tardive : certaines personnes réalisent avec le temps qu’elles sont attirées depuis toujours par le domaine de la santé ;
- Se réorienter après un burn-out ou une lassitude professionnelle : la quête de valeurs plus humaines pousse souvent à envisager le soin ;
- Poursuivre un rêve de jeunesse : certains actifs n’ont pas osé s’engager en médecine à 18 ans, mais souhaitent se donner une seconde chance.
Mais attention : le rêve ne suffit pas ! La médecine est une voie longue, parfois difficile, et il est crucial de bien se préparer…
Un parcours long mais structuré
Les études de médecine en France durent entre 9 et 12 ans, selon la spécialité choisie. Voici un aperçu du parcours :
- Cycle de formation initiale (6 ans) :
- 1ère année (PASS Parcours d’Accès Spécifique Santé ou LAS Licence avec option Accès Santé) ;
- 2e et 3e années : formation théorique et premiers stages ;
- 4e à 6e années : externat, stages hospitaliers à temps partiel, concours de l’internat (ECNi)
- Internat (3 à 6 ans selon la spécialité) :
- Formation professionnelle à temps plein à l’hôpital ;
- Réalisation de stages spécialisés ;
- Rédaction d’une thèse de doctorat.
- Thèse : indispensable pour obtenir le Diplôme d’État de docteur en médecine.
Quelles voies d’accès pour les adultes en reconversion ?
Heureusement, il n’est pas toujours nécessaire de reprendre des études depuis zéro. Le système universitaire français propose plusieurs voies d’accès aux études médicales…
Le PASS (Parcours Accès Spécifique Santé)
Le PASS (Parcours Accès Spécifique Santé) est l’une des principales voies d’entrée en études de santé en France, remplaçant l’ancienne PACES depuis 2020. Il s’agit d’une première année universitaire axée sur les sciences médicales, avec une mineure dans une autre discipline (par exemple, droit, biologie, lettres). Les étudiants y préparent leur accès aux études de médecine, maïeutique, odontologie ou pharmacie. L’admission en 2e année se fait sur la base des résultats et parfois d’un oral. En cas d’échec, la mineure permet de se réorienter vers une autre licence.
Cette voie peut être suivie par des adultes sous certaines conditions (notamment si vous souhaitez reprendre vos études à l’université).
La LAS (Licence Accès Santé)
La LAS (Licence Accès Santé) est une alternative au PASS pour intégrer les études de santé (médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie). L’étudiant suit une licence classique (par exemple, droit, psychologie, biologie), complétée par une option « accès santé » à distance ou en présentiel. Cette option comporte des enseignements spécifiques aux sciences médicales. À la fin de la 1ère, 2e ou 3e année de licence, l’étudiant peut candidater pour intégrer la 2e année des études de santé. En cas d’échec, il peut poursuivre sa licence et retenter sa chance plus tard, selon les possibilités. Ce parcours valorise la diversification des profils et réduit la pression de la sélection unique. Il est particulièrement adapté aux étudiants souhaitant une double compétence ou une voie plus progressive.
Cette voie est moins risquée que le PASS, et offre une porte de sortie si l’admission en médecine échoue.
La passerelle d’accès aux études de santé
C’est la voie la plus adaptée à une reconversion après des études supérieures.
Conditions :
- Être titulaire d’un diplôme de niveau Bac +5 (ou exceptionnellement Bac +3 avec dossier solide) ;
- Être âgé de moins de 30 ans (condition parfois levée selon les facultés) ;
- Avoir un projet motivé et cohérent.
Chaque année, les facultés de médecine ouvrent un nombre limité de places à des candidats de cette procédure. La sélection repose sur :
- Un dossier de candidature ;
- Une lettre de motivation ;
- Un entretien oral devant un jury composé d’universitaires et de médecins.
Les profils atypiques sont les bienvenus si la motivation est solide, si vous avez un projet professionnel clair et une connaissance du milieu médical.
Faut-il se remettre à niveau en sciences ?
Oui, dans la majorité des cas, il est nécessaire de se mettre à niveau en sciences. Même si vous venez d’un milieu scientifique (ingénierie, recherche), la biologie humaine, la chimie organique ou la physiologie peuvent nécessiter une actualisation des connaissances.
Cela vous permettra également de vérifier que vous aimez vraiment ces matières, avant de vous engager.
La réalité des études médicales pour un adulte
Étudier la médecine en reconversion professionnelle implique de nombreux défis, principalement en raison de la longueur et de l’intensité des études (9 à 12 ans). Pour un adulte ayant déjà une vie professionnelle, des obligations familiales ou financières, ce parcours demande une réorganisation complète de son quotidien. Le rythme est exigeant : cours théoriques denses, stages hospitaliers prenants, examens réguliers. Il faut aussi réapprendre à apprendre, souvent dans des disciplines scientifiques complexes, parfois oubliées depuis longtemps.
Le choc du retour à l’université, entouré d’étudiants beaucoup plus jeunes, peut également être déstabilisant. La pression psychologique est forte : les responsabilités médicales, la confrontation à la souffrance, la charge émotionnelle peuvent être déstabilisants. En ce sens, la réussite repose sur une motivation profonde et durable.
De plus, la vie sociale et familiale peut en pâtir, car le temps libre devient rare. L’équilibre entre vie pro et vie perso est difficile à garder. Enfin, il faut aussi accepter une instabilité financière temporaire, surtout si l’on quitte un emploi.
Mais de nombreux étudiants en reconversion témoignent que, malgré les difficultés, ils ne regrettent absolument pas leur choix.
Et la vie professionnelle après les études ?
Le métier de médecin est très diversifié. En fin d’internat, vous choisirez votre spécialité et le mode d’exercice :
Exemples de spécialités :
- Médecine générale ;
- Pédiatrie ;
- Gynécologie ;
- Dermatologie ;
- Cardiologie ;
- Psychiatrie ;
- Urgences.
Les modes d’exercice :
- Libéral (en cabinet) ;
- Hospitalier ;
- Mixte ;
- Médecin salarié (en EHPAD, entreprise, ONG…)
La reconversion peut parfois mieux coller à certaines spécialités comme la médecine générale, la santé publique ou la médecine du travail, qui offrent un bon équilibre vie pro / vie perso.
Comment construire un dossier convaincant ?
Si vous passez par la procédure passerelle, voici quelques éléments à soigner :
La lettre de motivation
Pour rédiger votre lettre de motivation, clarifiez votre parcours professionnel, et prenez le temps d’expliquer en détail ce qui a déclenché le désir de reconversion. L’envie de donner du sens à votre carrière, le besoin de répondre à une vocation tardive… Montrez également que vous connaissez les réalités du métier.
L’expérience dans le domaine médical
Pour que votre dossier soit convainquant, parlez de votre expérience dans le domaine médical. Avez-vous fait un stage d’observation dans un hôpital ou un cabinet ? Avez-vous interviewé des médecins ou travaillé dans un environnement proche de la santé ?
La construction de votre projet professionnel
Expliquez votre projet professionnel dans le détail. Souhaitez-vous devenir médecin généraliste ? Travailler en zone rurale ? Monter un cabinet ? Parlez de vos motivations profondes. Un projet réaliste et bien pensé rassurera le jury.
Comment financer une reconversion en médecine ?
Les aides pour la reconversion professionnelle sont nombreuses…
Si vous êtes salarié
- Projet de Transition Professionnelle (PTP) : le PTP est un dispositif destiné aux salariés souhaitant changer de métier ou de secteur d’activité. Il permet de suivre une formation certifiante en lien avec un nouveau projet professionnel, tout en bénéficiant du maintien d’une partie de la rémunération. Le salarié doit obtenir l’accord de son employeur pour s’absenter durant la formation. Le projet est soumis à une commission qui évalue sa cohérence et sa faisabilité. Le PTP remplace l’ancien CIF (Congé Individuel de Formation). Il est financé par les structures Transitions Pro (anciennement Fongecif). Ce dispositif est particulièrement adapté aux reconversions longues comme les études de médecine ;
- Compte Personnel de Formation (CPF) : comme tous les actifs, vous bénéficiez d’un CPF alimenté chaque année de manière automatique dans la limite de 5 000 € (8 000 € pour les salariés à temps plein peu qualifiés). Il permet de financer des formations, notamment si vous souhaitez faire une reconversion. Il est fortement recommandé de l’utiliser si vous avez besoin d’obtenir un diplôme ou d’acquérir des compétences. Ce dispositif est cumulable avec d’autres aides lorsque le montant est insuffisant pour financer une formation.
Si vous êtes demandeur d’emploi
- L’ARE : (Aide au Retour à l’Emploi) : c’est une allocation versée par France Travail (anciennement Pôle emploi) aux personnes ayant perdu involontairement leur emploi, sous certaines conditions. Elle permet de bénéficier d’un revenu mensuel pendant une période de chômage. Dans le cadre d’une reconversion, l’ARE peut être maintenue si la personne suit une formation validée par France Travail. Cela offre une sécurité financière temporaire pendant le changement de voie. Pour cela, la formation doit être validée dans un projet personnalisé d’accès à l’emploi (PPAE). Ce soutien est crucial pour ceux qui souhaitent reprendre des études longues comme la médecine ;
- Si vous avez été licencié pour motif économique, et que vous avez accepté le contrat de sécurisation professionnelle (CSP), France Travail vous verse une aide financière appelée allocation de sécurisation professionnelle (ASP). Son montant varie en fonction de votre ancienneté chez votre dernier employeur.
N’hésitez pas à consulter un conseiller en évolution professionnelle (CEP) pour monter un plan de financement adapté !
Le CEP (Conseil en Evolution Professionnelle)
Afin de faire le point sur votre situation professionnelle, le conseil en évolution professionnelle (CEP) est un pilier. Ce dispositif d’accompagnement gratuit et personnalisé permet, s’il y a lieu, d’établir un projet d’évolution professionnelle (reconversion, reprise ou création d’activité…). Il peut être effectué par des conseillers appartenant à différents organismes, comme France Travail, l’APEC, Cap Emploi…
Pour faire le point sur votre projet professionnel et être orienté au mieux, c’est une étape clé !
Le Bilan de Compétences
Le Bilan de Compétences est un dispositif d’accompagnement qui vous permet d’analyser vos aptitudes, motivations, valeurs et compétences professionnelles ou personnelles. Il se déroule généralement sur plusieurs semaines, avec l’aide d’un consultant spécialisé, et vous aide à clarifier vos objectifs professionnels, à identifier vos forces et à cibler les formations nécessaires pour une reconversion.
Dans le cadre d’un projet de reconversion en médecine, il permet de vérifier la cohérence du choix avec vos capacités, vos contraintes de vie et votre personnalité. Il peut aussi révéler des compétences transférables utiles en santé (empathie, rigueur, gestion du stress). De plus, il offre un espace de réflexion pour évaluer la faisabilité du projet (temps, finances, famille). Enfin, il renforce la qualité de votre dossier de candidature à la passerelle ou aux études médicales. Il peut être financé par le CPF ou d’autres dispositifs.
Checklist pour démarrer votre reconversion vers la médecine
- Faire un bilan de compétences
- Identifier la bonne voie d’accès (PASS, LAS, passerelle)
- Mettre à jour ses connaissances scientifiques
- Prendre contact avec une faculté de médecine
- Réaliser un stage d’observation
- Monter un dossier de candidature solide
- Anticiper l’impact sur la vie personnelle
- Trouver un financement adapté
Prêt à vous lancer dans votre reconversion pour devenir médecin ?
