Changer de métier lorsque l’on est salarié est une démarche souvent motivée par un besoin de sens, une lassitude, ou une envie d’explorer de nouveaux horizons. Contrairement à une démission impulsive, une reconversion réussie s’appuie sur une réflexion approfondie, un projet réaliste et une stratégie d’action adaptée à sa situation. Mais alors, par où commencer lorsque l’on est salarié et que l’on souhaite changer de métier ? Zoom sur les astuces qui vous guident pas à pas pour transformer votre envie de changement en un projet concret et réalisable !
Comprendre les raisons du changement

Avant de se lancer dans un changement de métier, il est essentiel de comprendre les motivations profondes qui vous poussent à envisager une reconversion. S’agit-il :
- D’un manque de reconnaissance ?
- D’une perte de sens dans votre travail ?
- D’un environnement professionnel pesant ?
- D’un déséquilibre entre vie pro et perso ?
- D’une envie de découvrir autre chose ou de vivre d’une passion ?
Cette introspection vous aidera à mieux orienter votre démarche et à éviter de fuir une situation sans avoir défini un projet réaliste.
Conseil : notez vos frustrations, vos envies, ce que vous aimez et ce que vous ne supportez plus dans votre métier actuel : vous commencerez ainsi à mieux cerner votre besoin réel.
Adapter son projet à sa situation personnelle
Une reconversion n’est pas uniquement un choix professionnel. Elle impacte vos finances, votre rythme de vie, vos proches. Il est essentiel de prendre en compte :
- Vos charges financières : pouvez-vous supporter une baisse de revenus temporaire ? ;
- Votre disponibilité : de quel temps aurez-vous besoin pour vous former ?
- Votre entourage : de quel soutien pourrez-vous bénéficier ? Quel impact votre projet aura-t-il sur votre famille ? Comment vous organiser ?
- Le lieu : la concrétisation de votre projet nécessite-t-elle de déménager ?
Il est parfois nécessaire de faire des compromis ou de planifier sa reconversion sur plusieurs mois, voire années. La réflexion est donc de mise !
Se faire accompagner : le rôle du conseiller en évolution professionnelle (CEP)
Si vous êtes salarié et que vous souhaitez changer de métier, c’est bien par là qu’il faut commencer ! Le conseiller en évolution professionnelle est un expert qui accompagne gratuitement toute personne souhaitant faire évoluer sa carrière. Il peut vous aider à clarifier vos objectifs, à identifier vos compétences transférables, à évaluer la faisabilité de votre projet. Il vous aide à trouver des financements pour une formation, et à découvrir les dispositifs existants (VAE, CPF, PTP…)
C’est un interlocuteur neutre et bienveillant, qui vous offre une vision réaliste du marché du travail et des possibilités de reconversion.
Où le trouver ? Les CEP sont proposés par divers organismes comme Transitions Pro, France Travail (anciennement Pôle emploi), APEC, CAP emploi, ou les missions locales.

Pour bénéficier d’un conseil en évolution professionnelle près de chez vous, rendez-vous sur : https://mon-cep.org/
Faire un bilan de compétences
Une fois vos motivations clarifiées, la prochaine étape consiste à faire le point sur vos compétences, vos talents, et vos aspirations. Le bilan de compétences est l’outil le plus structuré pour cela.
Il permet de :
- Valoriser vos acquis professionnels ;
- Identifier vos compétences techniques, transversales et comportementales ;
- Révéler vos motivations profondes ;
- Définir un projet professionnel réaliste et cohérent.
Ce bilan est souvent réalisé avec un centre agréé et peut être financé via le Compte Personnel de Formation (CPF).
Explorer les pistes de métiers
Changer de métier implique parfois de se projeter dans des univers inconnus. Une fois vos compétences et envies mieux cernées, il est essentiel d’identifier les métiers qui pourraient vous correspondre.

Voici quelques outils pour explorer des pistes :
- Le site ONISEP ou Orientation pour tous ;
- Des fiches métiers (France Travail, CIDJ, APEC…) ;
- Des forums, salons, webinaires métiers ;
- Des entretiens avec des professionnels du secteur visé (méthode du réseau ou « enquête métier ») ;
- Les podcasts sur la reconversion professionnelle.
Astuce : soyez curieux, posez des questions, confrontez vos idées à la réalité. Ce qui semble attractif de loin ne l’est pas toujours dans le quotidien !
Identifier ses compétences transférables
Dans un changement de métier, toutes vos compétences ne sont pas à jeter. Bien au contraire ! Une partie de vos savoir-faire peut être réutilisée dans un nouveau contexte.
Quelques exemples de compétences transférables :
- Organisation et gestion : gestion du temps, planification de tâches, gestion de projets, priorisation, respect des délais, suivi administratif, coordination d’activités… ;
- Communication : prise de parole en public, rédaction professionnelle, négociation, écoute active, communication non verbale, transmission d’informations, présentation orale ou écrite… ;
- Résolution de problèmes : analyse de situation, diagnostic de dysfonctionnements, propositions de solutions, gestion de conflits, prise de décision, anticipation des risques, réactivité face aux imprévus ;
- Management / encadrement : animation d’équipe, gestion de conflits, répartition des tâches, motivation des collaborateurs, suivi des performances, conduite de réunions, leadership ;
- Relationnel / service : sens de l’accueil, empathie, service client, capacité à rassurer ou conseiller, diplomatie, esprit d’équipe, capacité d’adaptation à différents profils…
Se former : un levier indispensable
Changer de métier implique parfois de se former, que ce soit pour acquérir de nouvelles compétences, valider un diplôme, ou mettre à jour des connaissances. Heureusement, il existe aujourd’hui de nombreux dispositifs pour se former tout en restant salarié. Zoom sur trois solutions clés : la VAE, le PTP et le CPF.
La VAE (Validation des Acquis de l’Expérience)
La VAE permet d’obtenir tout ou partie d’un diplôme ou d’une certification en valorisant son expérience professionnelle (salariée, bénévole…). Elle est idéale si vous avez exercé un métier sans avoir le diplôme correspondant. Après un dossier détaillé et parfois un oral devant un jury, vous pouvez obtenir un titre reconnu, sans reprendre des études classiques.
Le PTP (Projet de Transition Professionnelle)
Anciennement appelé CIF, le PTP permet de suivre une formation certifiante en lien avec un projet de reconversion. Pendant ce congé, vous pouvez être rémunéré tout en suivant une formation à temps plein ou à temps partiel. Il est accessible sous conditions (ancienneté, dossier de financement) et s’adresse aux salariés souhaitant changer de métier ou de secteur.
Le CPF (Compte Personnel de Formation)
Le CPF est un droit individuel à la formation. Chaque actif cumule des heures de formation converties en euros (jusqu’à 500 € par an). Vous pouvez l’utiliser pour financer une formation, un bilan de compétences, ou une certification. De nombreuses formations sont disponibles via la plateforme Mon Compte Formation.
Je suis salarié et je veux changer de métier : zoom sur le dispositif démission reconversion
Le dispositif démission reconversion permet aux salariés en CDI de démissionner tout en percevant l’allocation chômage, sous certaines conditions. Il s’adresse spécifiquement à ceux qui ont un projet de reconversion professionnelle ou de création/reprise d’entreprise solide et mûrement réfléchi.
L’un des principaux avantages est donc la sécurité financière : en cas de validation du projet, le salarié peut quitter son emploi sans perdre ses droits au chômage, ce qui permet de se consacrer pleinement à son nouveau projet sans pression immédiate de revenus.
Pour bénéficier de ce dispositif, plusieurs conditions doivent être remplies. D’abord, il faut justifier de 5 années d’activité salariée continue dans les 60 derniers mois (soit 1300 jours travaillés). Ensuite, le projet de reconversion ou d’entrepreneuriat doit être réel, sérieux et validé par une commission régionale de Transitions Pro, après un accompagnement obligatoire par un conseiller en évolution professionnelle (CEP). Ce dernier aide à formuler et structurer le projet pour qu’il réponde aux critères exigés.
La procédure comprend plusieurs étapes : entretien avec un CEP, formalisation du projet, dépôt du dossier auprès de Transitions Pro, puis démission une fois la validation obtenue. Attention, il est impératif de ne pas démissionner avant l’accord, sous peine de perdre le droit à l’allocation chômage ! En cas de validation, l’inscription à France Travail permet de percevoir l’ARE (aide au retour à l’emploi), comme tout demandeur d’emploi.
Le dispositif démission-reconversion est donc une opportunité unique pour les salariés souhaitant se réorienter en toute sécurité. Il demande toutefois de l’anticipation, de la rigueur et un projet bien construit. C’est un levier puissant pour oser le changement tout en conservant un filet de sécurité !
Construire un plan d’action
Un projet de changement de métier s’inscrit dans le temps. Il est donc essentiel d’avoir un plan d’action clair, étape par étape.
Voici un exemple de feuille de route que vous pouvez suivre pour vous lancer sereinement :
- Clarification des motivations ;
- Bilan de compétences ;
- Recherche de métiers compatibles ;
- Entretiens réseau / immersion / enquête ;
- Validation du projet avec un CEP ;
- Formation (si besoin) + financement ;
- Recherche d’emploi ou lancement d’activité.
Communiquer et valoriser son nouveau projet
Une fois votre nouveau projet défini, il faudra savoir le raconter et le défendre, notamment lors d’un entretien d’embauche ou dans une lettre de motivation.
Vous devez être capable d’expliquer :
- Pourquoi vous changez de métier, ce qui vous motive ;
- Ce que vous avez appris de votre ancienne expérience professionnelle, de vos éventuels échecs, de vos réussites ;
- Comment cela constitue une valeur ajoutée pour le nouvel employeur ;
- Que vous avez mûrement réfléchi votre projet.
Soyez crédible, cohérent et positif : votre parcours atypique peut faire toute la différence !
Quitter le salariat pour créer son entreprise : comment faire ?
Quitter le salariat pour se lancer dans l’entrepreneuriat est un projet ambitieux, qui nécessite préparation, organisation et accompagnement. Ce changement de vie professionnelle peut offrir liberté, autonomie et épanouissement, à condition de bien anticiper chaque étape.
La première étape consiste à valider son idée de création d’entreprise : identifier un besoin, définir son offre, étudier le marché, analyser la concurrence sont ici des points fondamentaux. Une étude de faisabilité est essentielle pour vérifier la viabilité de votre projet. Ensuite, il faut bâtir un business plan solide, comprenant un prévisionnel financier, un plan de financement et une stratégie de développement.
Pour se lancer sereinement, il est également important de connaître les aides disponibles. Le dispositif démissionnaire permet, sous conditions, de démissionner tout en percevant l’allocation chômage. Des structures comme la CCI ou France Travail proposent des accompagnements gratuits à la création.
Le dispositif ACRE offre une exonération partielle de charges sociales, et le dispositif NACRE peut accompagner les premières années d’activité. Le CPF peut aussi être mobilisé pour des formations, quel que soit le domaine dans lequel vous souhaitez vous former.
Afin de créer votre entreprise, vous devrez également choisir le bon statut juridique (auto-entreprise, EURL, SASU…), en fonction du projet, des besoins de financement et du niveau de protection souhaité. Un accompagnement par un expert-comptable ou une structure d’aide peut ici être une aide précieuse.
Enfin, une fois l’activité lancée, vous devrez apprendre à gérer votre temps, trouver vos premiers clients, et assurer la viabilité de votre entreprise. Créer son entreprise est un parcours exigeant mais passionnant, qui nécessite courage, organisation et persévérance. Bien préparé, il peut représenter une réelle voie d’accomplissement personnel et professionnel !
Les peurs fréquentes… et comment les surmonter
Changer de métier fait peur, et c’est normal. On fait le point sur les quelques craintes classiques, et les clés qui vous aident à les surmonter :
- “Je suis trop vieux/vieille pour changer” : il n’y a pas d’âge pour apprendre et évoluer. Beaucoup de reconversions réussies ont lieu après 40 ans ;
- « Je vais perdre en salaire » : c’est possible au départ, mais un métier épanouissant peut compenser cela. Priorisez ce qui compte pour vous et pensez à long terme ;
- « Et si je me trompe encore ? » : une bonne préparation et un bon accompagnement limitent les risques. Un projet n’est jamais figé, il peut sans cesse évoluer ;
- « Je n’ai pas le temps de me former » : il existe des formations à distance, en soirée, ou en alternance, qui vous permettent de vous former suivant votre rythme et vos disponibilités.
Osez franchir le pas, mais avec méthode. Changer de métier lorsque l’on est salarié n’est pas une décision à prendre à la légère, mais elle peut transformer radicalement votre vie professionnelle et personnelle. En prenant le temps de réfléchir, de vous entourer, de vous former, vous maximisez vos chances de réussite.
Ne voyez pas la reconversion comme un échec, mais comme une évolution naturelle, guidée par votre besoin d’alignement, de sens et de bien-être. Le monde du travail change, les carrières ne sont plus linéaires : il est non seulement possible, mais sain, d’évoluer, de se réinventer.