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Comme de nombreux salariés, vous remettez en question votre carrière, votre équilibre de vie, ou encore le sens de votre travail ? Le bilan de compétences est une solution privilégiée pour faire le point et envisager une nouvelle voie. Mais que se passe-t-il lorsque cette envie de changement intervient au moment d’un arrêt maladie ? Est-il possible et pertinent d’engager un bilan de compétences pendant cette période d’arrêt ? Quels en sont les bénéfices ? Quels sont les risques ? Et comment s’y prendre concrètement ? Nous faisons le tour de la question, en mêlant les aspects juridiques, pratiques, et surtout humains de cette démarche qui peut véritablement s’avérer salutaire pour votre carrière !

Qu’est-ce qu’un bilan de compétences ?

Le bilan de compétences est un dispositif encadré par le Code du travail (articles L6313-4 à L6313-6). Il a pour objectif d’accompagner un salarié (ou demandeur d’emploi) dans l’analyse de son parcours professionnel afin de :

  • Identifier ses compétences techniques et personnelles ;
  • Explorer ses motivations profondes et ses valeurs ;
  • Élaborer un projet professionnel réaliste et cohérent ;
  • Définir, si besoin, un plan de formation ou de reconversion.

Un bilan de compétences dure généralement 24 heures, réparties sur plusieurs semaines. Il se déroule en 3 phases :

  1. La phase préliminaire : définition des objectifs et validation de l’engagement ;
  2. La phase d’investigation : tests, entretiens, travail personnel, exploration de pistes professionnelles ;
  3. La phase de conclusion : formalisation du projet, restitution du bilan et élaboration d’un plan d’action.

Il est réalisé par un consultant spécialisé, au sein d’un centre agréé.

L’arrêt maladie : un temps de repos… et parfois de réflexion !

Un arrêt maladie est prescrit par un médecin lorsqu’un salarié ne peut temporairement plus exercer son activité en raison de problèmes de santé. Cela peut résulter d’une maladie physique ou psychique, d’un accident du travail, d’un épuisement professionnel (burn-out), de troubles musculosquelettiques (TMS), ou encore d’une dépression liée à des conditions de travail difficiles.

Pendant cet arrêt, le contrat de travail est suspendu (mais pas rompu), et le salarié perçoit des indemnités journalières versées par la CPAM, parfois complétées par l’employeur.

Mais cet arrêt, initialement destiné au repos médical, devient souvent un moment charnière. Il amène le salarié à s’interroger :

  • « Suis-je à ma place dans ce travail ? »
  • « Est-ce le bon moment pour changer de voie ? »
  • « Que puis-je faire d’autre ? »

C’est dans ce contexte que le bilan de compétences peut s’avérer extrêmement bénéfique !

Est-ce légal de faire un bilan de compétences pendant un arrêt maladie ?

Oui, vous pouvez réaliser un bilan de compétences pendant votre arrêt maladie, mais à certaines conditions. En effet, il n’existe aucune interdiction légale empêchant un salarié en arrêt maladie de réaliser un bilan de compétences. Mais plusieurs précautions sont nécessaires pour que la démarche soit légitime et sécurisée

Vous devez avoir l’accord de votre médecin traitant

Vous devez obtenir l’accord de votre médecin, qui évaluera si cette démarche est compatible avec votre état de santé. Cet accord peut être écrit, notamment si des justificatifs sont demandés par la CPAM.

L’importance du respect des horaires de sortie

Certains arrêts sont assortis de restrictions de sortie. Vous devrez alors organiser vos rendez-vous dans les plages autorisées. Si vous bénéficiez d’un arrêt « sorties libres », vous pourrez vous déplacer plus librement.

Informer la la CPAM

Il est fortement conseillé d’informer la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) de la réalisation d’un bilan de compétences, pour éviter tout malentendu. Il ne s’agit pas d’une activité professionnelle rémunérée, mais d’une démarche de réflexion personnelle.

Pourquoi faire un bilan de compétences pendant un arrêt maladie ?

Le bilan de compétences peut constituer une étape clé dans votre reconstruction professionnelle, pour plusieurs raisons.

Il vous permet de prendre du recul avec lucidité

Le travail quotidien ne laisse souvent que peu de place à la prise de recul. L’arrêt maladie, bien que contraint, permet de sortir du tumulte professionnel. Ce calme peut vous aider à réaliser une introspection lucide :

  • Pourquoi suis-je tombé malade ?
  • Est-ce uniquement physique ? Ou psychologique ?
  • Mon travail me correspond-il encore ?
  • Ai-je envie de retourner à mon poste ?

Le bilan de compétences vous accompagne pas à pas dans cette réflexion, en structurant les interrogations et en posant des mots sur un ressenti souvent confus.

bilan de compétences

Réinvestir positivement une période difficile

L’arrêt maladie est souvent vécu comme un moment de fragilité, voire d’échec professionnel. Le fait d’initier une démarche constructive peut alors vous redonner un sentiment d’utilité, de contrôle et d’espoir. En ce sens, cette dynamique peut accélérer votre guérison psychologique, tout en vous évitant de vous sentir impuissant.

Clarifier vos compétences et votre potentiel

Le bilan de compétences permet d’identifier vos savoir-faire, vos savoir-être, vos talents naturels, ou encore, vos ressources oubliées.

Il aide donc à renforcer la confiance en soi et l’estime de soi, souvent entamés par des mois ou des années de souffrance au travail. Reprendre conscience de votre valeur est un levier de réassurance et de mobilisation.

Explorer de nouvelles voies

bilan de compétences reconversion

Pendant le bilan de compétences, le consultant vous propose des pistes réalistes en tenant compte :

  • Des contraintes médicales éventuelles ;
  • De votre niveau de formation ;
  • De vos aspirations profondes.

Des outils comme le test RIASEC, les questionnaires de valeurs ou les enquêtes métiers aident à projeter de nouvelles perspectives professionnelles, parfois très différentes du passé.

Anticiper un retour difficile… ou une reconversion

Le bilan de compétences peut aussi permettre de préparer un retour à l’emploi progressif, ou une mobilité interne. Il peut également être un premier pas pour vous faire accompagner dans votre reconversion professionnelle

Le bilan de compétences vous permet de sortir du flou, d’éviter l’angoisse du retour, ou encore de poser les bases d’un projet de transition professionnelle.

Comment se déroule un bilan en arrêt maladie ?

Une organisation souple

Vous pouvez organiser votre bilan de compétences sur des créneaux compatibles avec votre état de santé : en semaine, à distance, à domicile… De nombreux centres proposent aujourd’hui des séances en visio, ce qui facilite la démarche, même en cas de fatigue ou de handicap temporaire.

Une confidentialité assurée

Si vous utilisez votre Compte Personnel de Formation (CPF), vous n’avez pas besoin d’en informer votre employeur. Le bilan de compétences reste strictement confidentiel, y compris les résultats et le projet final.

Et la prise en charge du financement ?

Votre bilan de compétences peut être financé de différentes façons…

Le Compte Personnel de Formation (CPF)

Le CPF est le moyen le plus courant pour financer un bilan de compétences. Chaque salarié, qu’il soit en activité ou en arrêt, cumule chaque année des droits à la formation (500 € par an, plafonnés à 5 000 € ; 800 €/an et jusqu’à 8 000 € pour les personnes peu qualifiées).

Avantages :

  • La démarche est entièrement individuelle : vous n’avez aucune obligation d’en parler à votre employeur ;
  • Vous pouvez réaliser l’inscription directement sur la plateforme MonCompteFormation ;

Bon à savoir :

  • Le montant du CPF couvre souvent l’intégralité du bilan (tarif moyen : entre 1 500 € et 2 000 €) ;
  • Si le montant du CPF est insuffisant, il est possible de payer le reste en autofinancement (via carte bancaire en ligne), ou parfois de solliciter un abondement.

L’abondement de l’employeur (optionnel)

Dans certains cas, l’employeur peut accepter de cofinancer le bilan de compétences, notamment si le salarié exprime une volonté de mobilité interne ou si l’entreprise veut favoriser un retour au poste dans de meilleures conditions.

Conditions :

  • Cette démarche nécessite l’accord explicite de l’employeur ;
  • Elle est souvent utilisée lorsque le bilan s’inscrit dans le cadre d’une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC), d’un plan de développement des compétences, ou d’une reprise de poste négociée.

Il est possible d’effectuer une demande d’abondement directement via le CPF, en sollicitant l’entreprise (la démarche se fait en ligne).

France Travail (anciennement Pôle emploi)

Les personnes en arrêt maladie ayant été licenciées (ou en fin de CDD non renouvelé) et qui sont inscrites comme demandeuses d’emploi peuvent bénéficier d’un financement via France Travail (dans le cadre du PPAE – Projet Personnalisé d’Accès à l’Emploi).

Modalités :

  • Il faut en discuter avec votre conseiller France Travail en amont ;
  • Le bilan peut être financé totalement ou partiellement via l’AIF (Aide Individuelle à la Formation) ;
  • La demande doit être faite avant le démarrage du bilan, avec un devis validé par un organisme habilité.

Les dispositifs régionaux ou sectoriels

Certaines régions, collectivités locales ou branches professionnelles proposent des aides complémentaires ou des dispositifs spécifiques pour les salariés en arrêt, en inaptitude ou en transition professionnelle.

Par exemple :

  • Le Conseil régional peut cofinancer des bilans de compétences dans le cadre de politiques d’insertion ou de reconversion ;
  • Des OPCO (Opérateurs de compétences) sectoriels peuvent aussi prendre en charge une partie du coût pour les salariés de leur branche.

     

Renseignez-vous auprès de l’organisme de bilan choisi : les consultants sont souvent informés des aides locales ou professionnelles disponibles.

L’autofinancement

Si aucune solution de financement n’est mobilisable, il est toujours possible de régler le bilan à titre personnel. De nombreux centres de bilans proposent des facilités de paiement en plusieurs fois.

Même si cela représente un coût, le retour sur investissement peut être significatif lorsqu’il permet d’éviter un burn-out, de retrouver un emploi aligné avec vos valeurs, ou de sécuriser votre reconversion.

Les bénéfices psychologiques, professionnels et sociaux du bilan de compétences

Petit aperçu des nombreux bénéfices concrets du bilan :

Sur le plan psychologique

  • Reprise de confiance en soi ;
  • Réduction du stress lié à l’incertitude ;
  • Revalorisation personnelle : « j’ai des compétences qui comptent » ;
  • Rétablissement de l’estime de soi professionnelle.

Sur le plan professionnel

  • Clarification d’un projet réaliste et motivant ;
  • Identification de formations pertinentes ;
  • Préparation d’une reconversion cohérente ;
  • Négociation d’un changement de poste interne.

Sur le plan social

  • Moins d’isolement ;
  • Reconnexion avec ses envies et ses valeurs ;
  • Retour au dialogue avec les conseillers emploi, la médecine du travail ou l’entreprise.

Ce qu’il faut éviter pendant un bilan de compétences : les pièges à contourner

Même si la démarche est positive, certains écueils doivent être évités… Tout d’abord, ne faites pas le bilan de compétences trop tôt après un traumatisme (fatigue, burn-out). Prenez le temps de digérer ce qu’il s’est passé afin d’avoir les idées claires.

Veillez également à ne pas confondre bilan de compétences et formation : le bilan est une réflexion, pas une formation certifiante ! Il peut être le point de départ vers un éventuel plan de formation, pour entamer une nouvelle carrière.

Enfin, attention à ne pas subir la pression de votre entourage : la décision de faire un bilan de compétences doit être personnelle, et non pas dictée par vos proches !

Un outil puissant, à utiliser avec discernement

Faire un bilan de compétences pendant un arrêt maladie est légal, possible, et souvent bénéfique, à condition de respecter les règles médicales et administratives. C’est une démarche de reconstruction et de projection, qui peut vous aider à retrouver du sens au quotidien professionnel, de l’énergie, et une direction claire dans votre carrière.

En utilisant intelligemment ce temps d’arrêt, avec l’appui d’un professionnel compétent, vous pourrez transformer une période de fragilité en un levier de renouveau !

Question

Réponse

Est-ce légal ?

Oui, avec l’accord du médecin et respect des obligations de l’arrêt

Faut-il informer la CPAM ?

Oui, c’est fortement recommandé

Nécessite-t-il l’accord de l’employeur ?

Non, si le bilan est financé par le CPF

Quels bénéfices ?

Prise de recul, confiance, nouveau projet, reconversion, retour mieux préparé

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