Chaque année, de nombreux professionnels décident de tourner une page et de se lancer dans un nouveau projet de vie : enseigner. Qu’ils viennent du secteur privé, de la fonction publique ou d’un métier sans lien direct avec l’éducation, ces candidats partagent une envie commune : transmettre leurs savoirs, accompagner des jeunes dans leur apprentissage et donner un sens différent à leur carrière. La reconversion vers l’enseignement ne se résume pas à un simple changement d’emploi. C’est un projet profond qui demande de la réflexion, de la préparation et une bonne connaissance des dispositifs existants. Vous souhaitez vous lancer mais les questions sont nombreuses ? Quelles sont les voies d’accès ? Faut-il réussir un concours ? Peut-on enseigner sans diplôme spécifique ? Existe-t-il des passerelles pour adultes en reconversion ?
On fait le point, étape par étape, sur les différentes options pour réussir une reconversion vers l’enseignement, que vous souhaitiez enseigner en école primaire, au collège, au lycée ou même à l’université.
Pourquoi devenir enseignant lors d’une reconversion ?
Les raisons qui poussent tant d’adultes à franchir le pas vers la voie de l’enseignement sont nombreuses. Tout d’abord, la reconversion vers l’enseignement répond souvent à une quête de sens. Certains quittent un univers jugé trop stressant, compétitif ou éloigné de leurs valeurs, pour retrouver une mission plus humaine et tournée vers l’avenir.
Beaucoup soulignent aussi l’envie de transmettre leurs compétences : un ingénieur peut vouloir enseigner les mathématiques, un juriste le droit, un informaticien l’informatique, un passionné de littérature le français. L’enseignement permet d’utiliser son bagage professionnel comme un levier pédagogique.
Enfin, pour certains, devenir enseignant offre aussi une sécurité professionnelle grâce au statut de fonctionnaire et à la stabilité d’emploi que représente l’Éducation nationale.
Les conditions pour devenir enseignant
En France, l’enseignement public repose sur un cadre réglementaire précis. Selon le niveau d’enseignement visé, les conditions diffèrent.
Comment enseigner à l’école primaire ?
Pour enseigner dans les écoles maternelles et élémentaires, il faut devenir professeur des écoles. Le concours principal est le CRPE (Concours de Recrutement de Professeurs des Écoles). Il est ouvert aux titulaires d’un bac +5 (master). Il s’adresse principalement aux étudiants en master MEEF (Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation), mais il reste ouvert à d’autres candidats possédant un diplôme de niveau bac+5 ou remplissant certaines conditions d’équivalence.
Le concours se compose d’épreuves écrites et orales. Les écrits portent généralement sur le français et les mathématiques, avec une attention particulière à la maîtrise des contenus scolaires et à la capacité d’analyse. Les oraux évaluent la pédagogie, la gestion de classe, la connaissance du système éducatif et la capacité à concevoir des séquences d’apprentissage adaptées aux élèves.
Une fois admis, les lauréats deviennent professeurs des écoles stagiaires et effectuent une année en alternance : une partie en formation à l’INSPE (Institut National Supérieur du Professorat et de l’Éducation), l’autre en responsabilité devant une classe. À l’issue de cette année, et sous réserve de validation, ils sont titularisés.
Le CRPE constitue donc une étape essentielle pour celles et ceux qui souhaitent enseigner aux enfants et participer activement à leur éducation et leur développement.
Certaines dispenses existent, notamment pour les parents de trois enfants ou les sportifs de haut niveau.
Comment enseigner au collège et au lycée ?
Pour le second degré, il existe plusieurs concours :
- Le CAPES (Certificat d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement du Second Degré) pour les disciplines générales (français, histoire, mathématiques, langues…) ;
- L’agrégation, plus exigeante, mais qui permet d’enseigner dans le supérieur ou dans certaines classes de lycée ;
- Le CAPET pour l’enseignement technologique ;
- Le CAPLP pour l’enseignement professionnel.
Là encore, le diplôme requis est le master (bac +5), mais il existe des aménagements pour certains candidats déjà expérimentés.
Enseigner sans concours : est-ce possible ?
Oui, dans certains cas. L’Éducation nationale recrute régulièrement des contractuels pour répondre aux besoins, surtout dans les disciplines en tension (mathématiques, anglais, lettres…). Ce mode d’accès ne garantit pas la stabilité d’un poste, mais il permet de débuter rapidement et parfois de se préparer parallèlement à un concours.
Les dispositifs pour les adultes en reconversion
La reconversion vers l’enseignement est encouragée par plusieurs dispositifs.
Le Projet de Transition Professionnelle (PTP)
Le Projet de Transition Professionnelle (PTP) est un dispositif destiné aux salariés souhaitant changer de métier ou se reconvertir, tout en bénéficiant d’un financement de leur formation. Il remplace l’ancien CIF (Congé Individuel de Formation). Dans le cadre d’une reconversion vers l’enseignement, le PTP permet de préparer le CRPE ou de suivre un master MEEF afin d’acquérir les compétences nécessaires pour devenir professeur des écoles.
Concrètement, le salarié doit présenter un projet solide et cohérent à la Commission Paritaire Interprofessionnelle Régionale (CPIR, appelée aussi Transitions Pro), qui étudie la demande et décide de l’acceptation. Plusieurs critères sont évalués : la pertinence du projet, la motivation du candidat, les perspectives d’emploi dans le secteur visé et la qualité de la formation.
Pendant la durée du PTP, le salarié bénéficie d’un congé spécifique et d’une rémunération partielle ou totale, selon son ancienneté et son salaire de référence. Cela constitue un avantage majeur, car il permet de se former sans perdre ses revenus.
Ainsi, le PTP représente une voie sécurisée pour les personnes déjà en emploi qui souhaitent se reconvertir dans l’enseignement, en réduisant les risques financiers et professionnels liés à un tel changement.
Le dispositif « démission-reconversion » pour devenir enseignant
La démission-reconversion est un autre dispositif intéressant pour les salariés en quête d’un nouveau projet professionnel, notamment dans l’enseignement. Il s’adresse aux personnes en CDI du secteur privé qui souhaitent quitter leur emploi afin de suivre une formation qualifiante ou préparer un concours, comme le CRPE.
Ce dispositif, mis en place en 2019, offre un avantage majeur : le salarié qui démissionne dans ce cadre peut percevoir l’allocation chômage (ARE), à condition que son projet ait été validé par une commission régionale (Transitions Pro). Pour cela, il doit constituer un dossier détaillant son projet de reconversion, la formation choisie et les perspectives d’emploi.
Une fois la démission actée et le projet validé, l’ancien salarié peut se consacrer pleinement à sa préparation du concours ou à sa formation initiale, tout en bénéficiant d’un soutien financier temporaire grâce à l’assurance chômage. Cela représente une sécurité importante pour ceux qui hésitent à quitter un poste stable.
Ce dispositif est particulièrement adapté aux adultes qui souhaitent devenir enseignants sans risquer une rupture totale de revenus. Bien préparée et accompagnée, la démission-reconversion peut donc être une étape déterminante pour réussir sa transition vers le métier de professeur des écoles.
Les concours internes et troisième concours
Pour les personnes déjà dans la fonction publique, des concours internes sont accessibles, parfois avec des conditions de diplôme assouplies. Le troisième concours s’adresse quant à lui à ceux qui justifient de plusieurs années d’expérience dans le secteur privé, sans forcément avoir un bac +5.
Les Masters MEEF
Le Master MEEF (Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation) est une formation universitaire en deux ans, conçue pour préparer aux métiers de l’enseignement et de la formation, en particulier au concours du CRPE pour devenir professeur des écoles.
Il est organisé par les INSPE (Instituts Nationaux Supérieurs du Professorat et de l’Éducation), présents dans toutes les académies. Le master MEEF comprend plusieurs parcours selon le métier visé :
- Premier degré : pour enseigner en maternelle et en élémentaire ;
- Second degré : pour enseigner au collège ou au lycée ;
- Encadrement éducatif : pour devenir conseiller principal d’éducation (CPE) ;
- Pratiques et ingénierie de la formation : pour travailler dans la formation professionnelle.
Le master MEEF combine :
- Des enseignements théoriques (pédagogie, didactique des disciplines, psychologie de l’enfant, connaissance du système éducatif) ;
- Des préparations aux épreuves des concours (comme le CRPE pour le premier degré) ;
- Des stages pratiques en école ou en établissement, afin de mettre en œuvre les apprentissages sur le terrain.
En deuxième année (M2), les étudiants admis au concours deviennent professeurs stagiaires : ils enseignent à mi-temps devant une classe tout en suivant des cours à l’INSPE.
En résumé, le master MEEF est la voie universitaire classique pour se former au métier d’enseignant et préparer les concours de l’Éducation nationale.
Quelques étapes pratiques pour réussir votre reconversion
Faire un bilan de compétences
Avant de se lancer, il est conseillé de réaliser un bilan de compétences. Cela permet d’évaluer vos points forts, de vérifier votre adéquation avec les métiers de l’enseignement et de construire un projet réaliste.
Se renseigner sur les concours
Chaque concours a ses spécificités, ses épreuves et ses dates. Il est donc crucial de se documenter en amont. La plateforme “devenir enseignant” du gouvernement est une source fiable sur laquelle vous pourrez trouver de nombreuses informations.
Expérimenter l’enseignement
Avant de s’engager, pourquoi ne pas tester ? Certains se lancent comme vacataires ou contractuels pour confirmer leur choix. Cela permet de se confronter à la réalité du métier et de mesurer sa motivation.
Préparer sa formation
La préparation peut se faire en université, en INSPE, mais aussi via des préparations privées ou à distance. L’important est de bien organiser son temps, surtout en parallèle d’un emploi.
Les avantages et les défis de la reconversion dans l’enseignement
La reconversion vers l’enseignement offre une sécurité d’emploi, une reconnaissance sociale, mais aussi la satisfaction de contribuer à l’avenir des jeunes générations. Beaucoup de personnes reconverties soulignent le plaisir de retrouver un sens à leur quotidien professionnel.
Cependant, enseigner n’est pas un métier facile. La gestion de classe, la charge de travail hors cours (préparations, corrections), les situations sociales complexes (violence, difficultés scolaires, manque de moyens) peuvent être éprouvantes. Une reconversion réussie suppose donc d’accepter ces contraintes et de s’y préparer.
Quelles perspectives d’évolution ?
L’enseignement offre aussi des évolutions de carrière. Vous pouvez passer d’enseignant à formateur d’enseignants, à inspecteur, ou encore vous spécialiser dans l’accompagnement des élèves à besoins particuliers.
Ces perspectives montrent que la reconversion n’est pas un aboutissement figé, mais l’entrée dans un univers professionnel riche !
